Alors que les massacres de civils alaouites se multiplient en Syrie, l’Union des Communautés du Kurdistan (KCK) a publié une déclaration cinglante dénonçant la barbarie de Hayat Tahrir al-Cham (HTS) et la complicité de ceux qui l’ont soutenu et légitimé malgré sa nature profondément fascistes et théocratiques. 

Depuis plusieurs jours, des images insoutenables témoignent de l’ampleur des exécutions et des atrocités commises contre la population alaouite. Ces meurtres de masse ne sont pas des faits isolés, mais le fruit d’une politique systématique de nettoyage ethnique menée par HTS, un groupe qui était pourtant connu pour son idéologie fondamentaliste bien avant d’être adoubé par certaines puissances occidentales et régionales.

Dans sa déclaration, la KCK condamne fermement ces massacres et rappelle que ceux qui ont appuyé HTS – que ce soit par des financements, un soutien diplomatique ou un silence complice – portent une responsabilité directe dans ces atrocités. Elle pointe du doigt l’inaction et l’hypocrisie des États qui, tout en prônant la démocratie et les droits humains, ont fermé les yeux sur l’idéologie de HTS et l’ont même aidé à s’imposer comme force légitime en Syrie.

Les auteurs du massacre doivent être tenus pour responsables, mais la complicité des États et de tous ceux et celles qui ont soutenu et renforcé HTS doit aussi être jugée. Loin d’être un simple épisode de violence, ce massacre est un avertissement : continuer à légitimer des groupes islamistes sous prétexte de géopolitique ne mène qu’à des bains de sang et à l’anéantissement des communautés vulnérables.

« Déclaration de l’Union des Communautés du Kurdistan (KCK) sur les massacres d’Alaouites en Syrie « Dans les régions de Syrie où la population alaouite est concentrée, les attaques contre les Alaouites se sont intensifiées au cours de la semaine dernière et, il y a seulement deux jours, des dizaines de personnes ont été massacrées. Les images circulant dans les médias ont révélé l’horreur et la brutalité de cette atrocité. Nous condamnons fermement ce massacre sauvage visant le peuple alaouite. Nous présentons nos condoléances à la communauté alaouite et à tous les peuples de Syrie. Nous sommes profondément attristés par cette situation. Une fois de plus, nous souhaitons affirmer que le peuple kurde est solidaire de toutes les communautés en Syrie.

Commettre un tel massacre pendant le Ramadan, un mois sacré pour les musulmans où le sang ne doit pas être versé, est non seulement une tragédie pour l’humanité mais aussi un échec et une honte immense pour les musulmans et pour l’islam lui-même. C’est à la fois un crime contre l’humanité et un péché grave. Le fait que ceux qui prétendent défendre l’islam aient perpétré un tel massacre est totalement inacceptable. Il n’y a aucune justification à cela dans l’islam. Ceux qui suivent véritablement l’islam ne commettent pas de massacres ni de génocides, et ne versent pas de sang, surtout pendant le Ramadan, où cela est explicitement interdit. Ceux qui ignorent l’un des principes fondamentaux de l’islam, même en ce mois sacré, et se présentent comme musulmans ne font que tromper et mentir. Pour cette raison, ce sont avant tout les musulmans qui doivent s’élever contre ce massacre brutal et inhumain.

Le fait que ce massacre ait été perpétré par le régime de Damas est profondément inquiétant pour l’avenir de la Syrie. Cette situation a clairement montré le danger auquel la Syrie et son peuple sont confrontés. Il est impératif que tout le monde reconnaisse cette menace et prenne position contre elle. Malgré leur connaissance de l’idéologie et des pratiques de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), les forces qui l’ont soutenu et légitimé par leur appui ne peuvent rester silencieuses face à ce massacre. Leur incapacité à condamner fermement cette atrocité est inacceptable. 

Les peuples de Syrie sont menacés de massacres et de génocide en raison d’une mentalité sectaire, unifiée et réactionnaire. Cette vision régressive et exclusive est la cause première de ces atrocités et ne doit pas être soutenue. Ceux qui ont appuyé et légitimé cette idéologie jusqu’à présent sont complices de ce massacre. De plus, toute personne qui continue à soutenir cette idéologie devra rendre des comptes pour tous les massacres futurs. Pour cette raison, nous appelons tout le monde à réévaluer leur position, à condamner fermement ce massacre brutal contre le peuple alaouite et à adopter une position claire contre lui.

Ce qui doit être fait en Syrie, c’est de travailler à l’établissement d’un système politique démocratique qui inclut tous les peuples syriens, toutes les communautés ainsi que les groupes culturels et religieux, où les droits de chacun sont reconnus et leur volonté respectée. Les efforts et les mentalités qui méritent d’être soutenus sont ceux qui luttent pour la démocratie et l’inclusion.

Une fois de plus, il est devenu évident que la solution la plus juste et la plus efficace pour la Syrie et le Moyen-Orient est le système de nation démocratique développé par M. Öcalan, basé sur les principes de fraternité, d’égalité et de coexistence entre les peuples.

Le massacre du peuple alaouite a une fois de plus démontré que les idéologies nationalistes, sectaires et exclusives n’apportent aucune solution et ne font qu’engendrer des massacres et des génocides qui déshonorent l’humanité. L’ » Appel pour la Paix et une Société Démocratique  » de M. Öcalan, annoncé au monde le 27 février 2025, vise fondamentalement à prévenir les massacres et les génocides, à mettre fin à la guerre et aux conflits au Moyen-Orient, et à créer une société où les droits de chacun sont reconnus et la liberté assurée.

Le salut du Moyen-Orient et de l’humanité réside dans la réalisation de ce manifeste. Une Syrie démocratique et un Moyen-Orient démocratique garantissent une vie libre, égale et démocratique pour tous les peuples, toutes les croyances, et surtout pour les femmes et les autres identités opprimées.

Une complicité internationale qui interroge

Alors que ces massacres se déroulent sous les yeux du monde entier, la communauté internationale brille par son silence. L’ONU, pourtant prompte à condamner certains conflits, peine à réagir avec la fermeté nécessaire. Plus troublant encore, certains États occidentaux continuent de soutenir les forces qui ont permis à HTS de se renforcer et de perpétrer ces crimes.

Ce qui se passe aujourd’hui en Syrie n’est pas un simple « conflit sectaire », mais une politique d’extermination menée sous couvert d’indifférence diplomatique. Les mots de la KCK résonnent comme un avertissement : ignorer ces massacres aujourd’hui, c’est préparer les génocides de demain. 

Par le Père Peinard