"Faisons une expérience de pensée.

Supposons une meute géante de « loups pensants », c’est-à-dire de loups capables de raisonner comme nous, humains, en sommes capables. Imaginons que cette meute soit composée de plusieurs millions d’individus et de centaines de sous-espèces différentes de loups.
Qui cela arrangerait-il que les membres de ce « peuple » de loups, dotés d’un moi aveugle programmé pour survivre et donc pour se battre entre concurrents et groupes rivaux, finissent par se diviser, former des clans ethniques ou idéologiques et parfois même se haïr ? Les membres de cette gigantesque meute ou son chef ? Celui-là même qui, de par son statut hiérarchique, mange en premier les proies chassées après une éprouvante chasse collective ?

Réfléchissons à ce qui est soulevé ici.

Dans une telle meute, le loup dominant verrait-il d’un bon œil l’éveil du moi-pensant de ses semblables et, par extension, de leurs consciences ? Ne préférerait-il pas qu’ils développent certaines dimensions de leur intelligence pour être performants et productifs dans la société des loups, sans jamais allumer leur « machine à penser » ? C’est-à-dire ce moi-pensant capable de se demander si une chose est juste ou non et de vivre pour en trouver la réponse ; ce même moi-pensant capable de méditer sur les instincts afin de ne pas leur obéir aveuglément et d’être ainsi immunisé contre toute forme de manipulation de masse.

Au lecteur qui ne verrait pas où je veux en venir, je vais tenter d’être plus clair.

Dans notre monde, celui des Homo sapiens qui ont quitté leurs petites tribus de chasseurs-cueilleurs il y a des milliers d’années pour former des peuples, il existe des gagnants et des perdants. Cela s’appelle l’Histoire. Et dans cette histoire, les puissants — ceux qui se sont toujours partagé le gâteau entre eux en ne laissant que des miettes à une masse de perdants — ont souvent vu d’un bon œil les conflits horizontaux.

Ces conflits ont souvent été le meilleur moyen de faire en sorte que la majorité se tire dans les pattes, n’ayant ni le temps ni l’énergie de percevoir le plan hégémonique du maître. Partant de là, il est aisé de comprendre que le racisme, au sens large du terme, est utile aux puissants. Il horizontalise les conflits. Les puissants n’ont donc rien à gagner, mais au contraire tout à perdre, à ce que le peuple comprenne les mécanismes profonds de la haine et, par extension, du racisme.

Dès lors, l’idée selon laquelle des puissants pourraient souhaiter organiser de toutes pièces une immigration massive vers certains pays afin de créer des troubles, des tensions, du racisme, des conflits horizontaux, de la division, une gigantesque désunion et, in fine, un chaos qui leur profite pour se maintenir au pouvoir, n’est pas délirante, mais au contraire tout à fait rationnelle. En sociologie et en politique, on appelle cela le « divide et impera ».

Pourquoi le racisme ?
Comprendre les causes profondes de la haine raciale pour mieux en venir à bout.

(Essai à paraître prochainement)

Par Alexis Haupt