- Les glaneurs sauvent les légumes du gâchis
Louise, maraichère bio, raconte : « par exemple, les concombres ont beaucoup donné, et comme il ne fait pas très beau donc on sait qu’on en vendra peu. Idem pour nos haricots trop gros, nos potimarrons… Ca fait mal au coeur quand ce n’est pas revalorisé !».
Heureusement, des réseaux de glaneurs s’organisent pour récupérer ces denrées, au profit des plus démunis. « Quand on sait qu’il y a plus de 300 producteurs rien que sur le département (Loire-Atlantique), on se dit qu’il y a un véritable gisement ! », expose Flavie.
Aux carrefours des besoins, ces bénévoles mettent en œuvre une véritable logistique : prospecter auprès des agriculteurs locaux, les convaincre, estimer la quantité à ramasser, les cagettes, le nombre de bras nécessaire, écouler le stock à temps par rapport à la périssabilité des produits, etc. « Le soucis c’est qu’on ne sait que trois ou quatre jours avant seulement. Alors il faut s’organiser vite », précise la jeune femme.
Re-bon se développe depuis 2012 et vient de mener à terme une campagne de crowdfunding pour acheter un camion. « La création de notre réseau a démarré en une semaine, après le buffet des 5.000 (un grand repas gratuit à base de légumes et de fruits disqualifiés organisé en 2012 par Canal + à l’occasion de leur documentaire : Global gâchis, ndlr). C’est l’ONG anti gaspi feedback, qui a aidé les Nantais intéressés à se mettre en lien et à démarrer.
« La première étape était de trouver des bénéficiaires : la banque alimentaire et les autres assos d’aide alimentaire nous ont accueillis volontiers. » David Chiron, délégué général à la Banque alimentaire 44 confirme : « Il est difficile d’avoir des fruits et légumes. Surtout en bon état, car d’habitude on arrive après la non-commercialisation, les produits ont déjà vécu… Nous étions déjà contactés par des maraîchers pour aller chercher des reste de récoltes chez eux, mais nos bénévoles n’ont pas cette mission, et on ne pouvait pas y répondre ! » Re-Bon est donc tombé à pic.
Deuxième grosse étape : démarcher des producteurs. « C’est simple : on a pris les Pages jaunes à la lettre « M » comme « maraicher », et on a appelé. Et autant dire qu’ils ne sont pas faciles à joindre ou à convaincre (50% de refus environs, ndlr) ! » A force, les bénévoles ont affuté leur argumentaire. « Nous n’avons pas la même définition du gaspillage. Pour certains ils ont zéro gâchis, mais ils ne se réalisent pas qu’une carotte à demi pourrie, c’est une demi bonne carotte pour nous ! Tout comme des patates minuscules ou trop grosses. On essaie donc de leur faire comprendre tout en leur assurant qu’ils n’auront rien à faire. »
Le passage des glaneurs peut d’ailleurs même devenir un échange de bon procédé, comme le témoigne Louise la maraîchère: « Mes haricots vont redonner encore mieux car les glaneurs ont débarrassé les plans des plus gros, témoigne Louise. Idem quand ils ont ramassé les patates, leur passage a permis de bien enterrer les graines qu’on a semées par-dessus. »
L’association nantaise agit avec 15 cultivateurs. « On voudrait faire un glanage par semaine, mais on n’en fait un par mois parce qu’on est tous bénévoles et que ce n’est pas si simple de se libérer du temps ! L’objectif est de salarier quelqu’un pour se développer», explique Flavie.
Pour le moment des bonnes âmes se libèrent chaque fois parmi les 400 inscrits de la liste de diffusion. Ils partagent leur savoir, dans une ambiance conviviale. « On reste au plus une demi-journée, dans ce cas on essaie de faire un pique-nique : ce n’est pas l’usine ! Les gens sont contents de prendre l’air, les citadins se mettent au vert et ils adorent ça ! »
Ce n’est pas très compliqué. « A partir du moment où on a des bras, un téléphone et une voiture, c’est possible ! Dans un break tu mets 200 ou 300 kilos déjà », témoigne Flavie. Ils sont 6 ou 7 associations du genre en France par exemple :
Renouer-cueillette solidaire dans les Alpes Maritimes
Fruimalin en Bourgogne
Re-bon fait partie du réseau de glanage européen lancé, Gleaning Network EU, par Feedback. L’objectif : dresser avec des glaneurs anglais, belges, grecs et espagnols une méthodologie du glanage sur les territoires. N’hésitez pas à les contacter !
Source: say-yess.com