JO 2024 : le coût caché du passage de la flamme + En 1924, jeux ouvriers contre jeux bourgeois
© PETROS GIANNAKOURIS/AP/SIPA Le 26 avril dans le stade Panathénaïque d'Athènes, Tony Estanguet, président du comité Paris 2024 (à d.), reçoit la flamme des mains du président du Comité olympique grec, Spyros Capralos (à g.), avant son départ pour la France.
D'ordinaire, observe Sylvain Bouchet, historien spécialiste des Jeux olympiques, l'arrivée de la flamme dans le pays organisateur permet de remplir les journaux d'autres choses que des traditionnelles polémiques d'avant Jeux: comment boucler le budget, héberger les bénévoles… "C'est du pain bénit pour le Cojo, le comité d'organisation des JO", dit-il. Sauf lorsque le coût se révèle démesuré pour les collectivités, comme cette année. Pour recevoir la flamme le temps d'une journée, chaque département a dû verser 180 000 euros au Cojo. "Notre vice-présidente chargée des Sports a échangé avec le comité pour obtenir des réponses sur l'usage de cette somme, précise Nina Minotto, attachée de presse pour la Loire-Atlantique. Elle n'a jamais obtenu de réponse précise. Le Cojo a seulement indiqué que le coût réel de l'événement s'élèverait à 450 000 euros. Face à l'opacité sur l'utilisation de l'argent du contribuable, le département a décidé de le refuser." Les élus regrettaient aussi que sur cent relayeurs prévus lors du passage, cinq seulement aient pu être proposés par le département. "La priorité est accordée aux grands sponsors privés", constate Nina Minotto. Pourtant, le territoire a financé pendant trois ans, à hauteur de 200 000 euros, la préparation de trente-huit athlètes paralympiques.
Les coûts cachés du droit de passage
Des maires ont poussé un coup de gueule. "Contrairement au Tour de France, la flamme ne rapporte rien à la ville. Pire, elle nous coûte et cela va emmerder les gens!" s'est offusqué dans le quotidien Sud Ouest Morgan Berger, maire de Cognac (Charente). Il estime à 40 000 euros le coût pour l'agglomération de l'organisation et la sécurisation du parcours, en raison du risque d'attentat. Car, oui, les villes doivent souvent sortir le chéquier, en sus des 180 000 euros versés par le département. Xavier Bonnefont, maire d'Angoulême (Charente), s'est étranglé en voyant les coûts cachés "découverts au fil de l'eau": près de 100 000 euros. Des collectivités territoriales ont en tout cas décidé de prendre en charge les coûts cachés, comme le Finistère.
Le maire de Vichy, Frédéric Aguilera, précise que devant le refus de l'Allier de payer, c'est l'intercommunalité qui a versé 180 000 euros. Il concède n'avoir pas trop eu le choix, mais assume: "Le ministère des Sports nous a proposé la flamme. L'État venait de nous verser 20 millions d'euros pour rénover notre centre omnisports de haut niveau. Quand l'État nous donne autant, on l'écoute. On ne peut pas dire que l'on veut accompagner l'excellence sportive et dire à l'État d'aller se faire voir quand il frappe à notre porte. Nous voulons faire de Vichy une ville du sport de haut niveau. Nous organisons souvent des événements, comme, prochainement, le championnat d'Europe de triathlon. Nous sommes, en dehors de la région parisienne, le territoire français accueillant le plus de délégations – 22 – qui se préparent aux JO, comme l'équipe de France de natation."
Valoriser l’image des petites communes
L'édile assure que les retombées de cette économie du sport dépassent désormais celles du thermalisme en nuitées. Et que la flamme permettra aussi à Vichy de symboliser la venue des athlètes, qui restent souvent confinés pour s'entraîner. "Grâce à ça, nous allons vraiment vivre les JO alors que nous nous trouvons au fin fond de la France."
D'autres petites communes, comme Saint-Dizier (Haute-Marne), feront de la flamme une fête locale. "Il s'agit avant tout d'un moment de fête et de célébration des valeurs olympiques. Nous attendons 10 000 à 15 000 personnes, une belle mobilisation du monde sportif de Saint-Dizier et forcément une occasion de montrer une belle image de notre ville", souligne le maire, Quentin Brière. Pour quel coût? L'édile ne donne pas de chiffres précis: "C'est un coût maîtrisé que nous assumons, dans le cadre de notre politique sportive et événementielle."
Sylvain Bouchet considère que le Cojo a commis une "erreur stratégique" en optant pour une cérémonie d'ouverture très coûteuse le long de la Seine: "Ils auraient pu dépenser cet argent pour le parcours de la flamme, seul événement “gratuit” et vraiment populaire des JO pour les Français. Ainsi, ils auraient rempli leur promesse – non tenue – d'organiser des JO populaires."
Source:
JO 2024 : le coût caché du passage de la flamme
Débarquée à Marseille le 8 mai, la flamme olympique entame un tour de France jusqu'au 26 juillet. Mais seulement dans les départements et communes qui ont accepté de verser l'obole.
https://www.lepelerin.com/france/sport/jo-2024-le-cout-cache-du-passage-de-la-flamme-9522
Une des raison d'un tel coût est très simple, il faut bien payé, et même grassement, les marionnettes embauchées pour faire la promo des JO.
C'est cela que l'on appelle "vendre son âme".
Du pain, juste ce qu'il faut, à qui il faut, et des jeux politiquement incorrects.
salaire: 270 000 € bruts annuel
à multiplier par le nombre d'années depuis sa nomination à ce poste
Source du salaire:
Paris 2024: Tony Estanguet révèle son salaire de président du Comité d'Organisation
Ce vendredi, lors du premier conseil d'administration de l'instance, Tony Estanguet, président du comité d'organisation des Jeux Olympiques de Paris 2024 a révélé le montant de sa rémunérati...
Un peu d'histoire
Paris 2024, des Jeux sans joie
En 1921, le Comité international olympique (CIO), dirigé depuis un quart de siècle par Pierre de Coubertin, confie à Paris l’organisation des Jeux de la VIIIe olympiade du 5 au 27 juillet 1924. Le gouvernement français compte sur l’événement pour tourner la page de la Grande Guerre et offrir au monde une fête sportive d’une envergure inédite. Ces Jeux doivent rassembler plus de 3 000 athlètes venant de 44 nations. L’ampleur de l’événement et les foules qu’il attire imposent au pays hôte de faire sortir de terre en quelques années des infrastructures coûteuses et de mettre en place une logistique qui satisfait le cahier des charges du CIO. Ce défi économique et social charrie son lot de controverses.
Les organisateurs des Jeux promettent que les festivités attireront une déferlante de touristes, spectateurs et journalistes. Le quotidien Le Rappel du 15 décembre 1923 annonce qu’il faudra trouver « 300 000 logements » pour les visiteurs, quand Le Petit journal du 25 octobre 1923 craint « une foule d’étrangers supérieure en nombre à toutes les invasions précédentes ». En cette période d’après-guerre, la capitale connaît une importante crise du logement et ne parvient pas à offrir un toit à tous ses habitants. Quand hôteliers et propriétaires immobiliers voient dans ces Jeux l’occasion de profiter de l’afflux de touristes, les locataires les plus précaires redoutent d’être mis à la porte de leur logement. Cette question nourrit une contestation latente, incarnée au conseil municipal de Paris par le socialiste Luquet qui dénonce « l’inopportune organisation des Jeux olympiques en pleine crise du logement ».
Durant l’hiver et le printemps 1924, des journaux de tous bords politiques rapportent des évictions de locataires dans les hôtels de la capitale, afin de laisser la place à des touristes fortunés. La situation du Quartier latin émeut particulièrement. L’Excelsior du 24 février 1924 avance que les hôteliers auraient mis à la porte un millier d’étudiants, réservant ces logements pour (...)
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En 1924, jeux ouvriers contre jeux bourgeois
Expulsions locatives, prix des places prohibitifs, augmentation des prix des transports, nations non invitées... Il y a cent ans, les VIIIe Jeux olympiques modernes de Paris soulevaient déjà mai...