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Sortir du moule

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Pendant ce temps là,

les Shadoks

continuent de pomper

 

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1 février 2025

Ces chercheurs en santé publique menacés par l’industrie du tabac, de l’alcool et de la malbouffe

 

Une étude révèle les intimidations subies par des scientifiques travaillant sur les dangers du tabac, de l’alcool et des aliments ultra-transformés. Discrédit, menaces, surveillance, sont autant de procédés utilisés par ces secteurs industriels.

Interdite de discuter publiquement des risques du sucre pour la santé, sous peine d’une amende de 250 000 dollars. C’est ce qui est arrivé à une chercheuse colombienne après avoir produit un document montrant la quantité de sucre contenue dans une canette de soda.

« L’ampleur des intimidations que nous avons constatées n’est probablement que la partie émergée de l’iceberg », précisent Karen Evans-Reeves et Britta Matthes dans l’édition britannique de The Conversation. Ces deux chercheuses de l’Université de Bath (Royaume-Uni), spécialistes de la lutte contre le tabagisme, ont cartographié sur vingt ans – entre 2000 et 2021 – les tactiques d’intimidations à l’encontre de scientifiques de la part des fabricants de tabac, d’alcool et d’aliments ultra-transformés.

Décrédibilisation en public, menaces juridiques, plaintes, utilisation malveillante de la législation sur la liberté d’information, surveillance, cyberattaques, pots-de-vin, sont autant de procédés utilisés par ces secteurs industriels, selon leur article publié dans la revue scientifique Health Promotion International.

Comment expliquent-elles cette offensive ? « Le cancer, les maladies cardiaques, les affections respiratoires chroniques, le diabète et les accidents vasculaires cérébraux sont aujourd’hui à l’origine de près de trois quarts des décès dans le monde. La recherche des causes de ces maladies n’a jamais été aussi cruciale pour la santé publique. Mais cette recherche constitue une menace directe pour le pouvoir et les profits des entreprises » soulignent les chercheuses.

Discrédit et menaces juridiques

« Extrémistes », « fascistes de l’alimentation », « gestapo gastronomique », « démons de l’excès de zèle et de la droiture morale »... D’après leurs travaux, le discrédit public est la forme d’intimidation la plus répandue. Une longue liste de termes péjoratifs sont régulièrement utilisés pour désigner les chercheurs afin de saper leur crédibilité. Ces termes sont ensuite repris dans divers médias qui ont pu dépeindre des scientifiques comme « indignes de confiance », « incompétents », ou bien encore « avides d’argent ».

Cette recherche constitue une menace directe pour le pouvoir et les profits des entreprises

« Le débat critique sur la recherche est bienvenu et nécessaire. Mais les incidents documentés dans notre étude vont bien au-delà, s’apparentant à de la diffamation et de l’intimidation » observent Karen Evans-Reeves et Britta Matthes.

 

Les contestations juridiques et plaintes déposées contre des scientifiques, leurs employeurs et les organes directeurs sont monnaie courante. L’enjeu pour l’industrie : retarder le travail des scientifiques qui doivent passer du temps à répondre aux attaques plutôt que de poursuivre leurs recherches. En Nouvelle-Zélande, un consultant travaillant pour des sociétés de tabac, d’alcool et d’aliments ultra-transformés a exercé ce type de pressions.

Trois chercheurs ont intenté avec succès une action en diffamation contre lui. Ce dernier a admis sous serment que son objectif était bien de saper la crédibilité des chercheurs, à la demande des industries qui le rémunèrent.

Un effet paralysant

« Nous avons trouvé des rapports de surveillance, où les chercheurs et leurs familles étaient suivis, et des cyber-attaques où les ordinateurs et les téléphones portables étaient piratés. Certains ont fait état d’offres de pots-de-vin pour qu’ils cessent leur travail et de menaces de violences », ajoutent Karen Evans-Reeves et Britta Matthes.

L’université de Bath, où travaillent ces deux chercheuses, a précisément fait l’objet de l’installation d’un système de vidéosurveillance, après que des chercheurs sur le tabagisme avaient reçu des appels et courriels menaçants à la suite de la publication d’un article.

« Toutes les activités d’intimidation que nous avons identifiées ont eu un effet dissuasif sur d’importants travaux de santé publique. Les chercheurs et les défenseurs ont mis du temps à répondre aux plaintes ou aux demandes d’information, ou ont dû interrompre ou modifier leur travail, au moins temporairement, le temps que l’action en justice suive son cours », écrivent les chercheuses. Les conséquences sont aussi financières. Des milliers d’euros doivent être parfois dépensés pour pouvoir se défendre devant les tribunaux.

Malgré les coûts importants liés au fait de travailler dans un environnement où leur crédibilité est constamment remise en question, les scientifiques « persévèrent », soulignent-elles. La plupart ripostent « en dénonçant les tactiques, en corrigeant les informations erronées et en lançant leurs propres actions en justice contre les auteurs de ces actes. Dans la plupart des cas, même s’ils ont été retardés, les chercheurs ont déclaré avoir poursuivi leur travail de santé publique. »

Par Sophie Chapelle

 

Le titre en Tête

 

                                     
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La racine de nos maux,

des mots pour arracher la racine.

« Le discours de la servitude volontaire » de

Etienne de La Boétie.

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