Le fil d'Arkébi

 

Sortir du moule

"Freedom" sculpture de Zénos Frudakis

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Pendant ce temps là,

les Shadoks

continuent de pomper

 

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2 avril 2025

Révoltes en chaîne : Les peuples du monde debout contre l’autoritarisme

 

Tandis que la France s’enfonce dans le cynisme électoral et l’atonie politique, ailleurs dans le monde, des peuples se dressent avec force contre les régimes autoritaires, les gouvernements corrompus, et les oligarchies violentes.

En cette fin mars 2025, de la Serbie à l’Indonésie, en passant par la Turquie, le Pakistan ou la Hongrie, une série de soulèvements populaires secoue la planète. Ce sont des millions d’habitant·es qui refusent de plier, qui inventent sur le vif des formes nouvelles de luttes, d’assemblées, de solidarités.

En Serbie, l’émergence d’un double pouvoir populaire

Depuis plusieurs semaines, le pouvoir d’Aleksandar Vučić vacille. Ce ne sont pas seulement des manifestations, mais l’émergence d’un contre-pouvoir populaire. À l’appel du mouvement étudiant, des centaines d’assemblées de travailleurs se mettent en place dans les villes, les villages, les casernes de pompiers ou les écoles. Elles discutent budget, éducation, logement, transports, et prennent des décisions concrètes, comme le soutien aux grévistes ou la création de refuges. Certaines déclarent Vučić persona non grata, d’autres s’organisent en réseau local. C’est l’expérimentation directe d’une démocratie réelle qui émerge, malgré les violences policières et les attaques de groupuscules fascistes.

Turquie : la rue contre la dictature d’Erdogan

Depuis l’arrestation illégale d’Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et rival politique d’Erdogan, la rue turque ne désemplit plus. Plus de deux millions de personnes ont manifesté à Istanbul, et la mobilisation ne cesse de croître, portée par les étudiant·es, les syndicats, les collectifs féministes. Chaque nuit, des concerts de casseroles, des drapeaux accrochés aux fenêtres, des manifestations dansantes et déterminées occupent les rues. Les images de Pikachu esquivant la police ou d’un manifestant faisant des pompes devant les forces spéciales font le tour du monde. Comme en Serbie, la jeunesse turque regarde du côté des assemblées populaires, cherche à les imiter, à construire du pouvoir populaire face à un régime qui gouverne par la peur.

Indonésie : la rue contre le militarisme et le pillage

Le président Prabowo, ex-officier et héritier de Suharto, pensait asseoir son pouvoir sans encombre. Mais depuis le 20 mars, des manifestations monstres secouent le pays. Les étudiant·es dénoncent la réintroduction des militaires au sein de l’État, la privatisation massive des ressources via le fonds souverain Danantara, et la casse des budgets sociaux. Ils sont rejoints par les syndicats, les collectifs citoyens, les familles populaires. Partout, on scande : « Indonesia Gelap » (Indonésie sombre), et on construit des solidarités entre villes et campagnes. Ici aussi, la référence à la Serbie inspire : les étudiant·es indonésien·nes veulent bâtir des assemblées démocratiques locales, ancrées dans les quartiers, en lien avec les mobilisations paysannes.

Pakistan : les femmes en première ligne de la révolte

Le Baloutchistan, trop souvent oublié, se soulève lui aussi. Cela fait neuf jours que des manifestations massives se tiennent pour obtenir la libération de Mahrang Baloch, figure emblématique de la lutte des femmes et du droit des peuples. Le plus marquant ? La présence centrale des femmes dans ces cortèges, en première ligne, défiant les traditions patriarcales et la répression étatique. Ce soulèvement dépasse largement le cas individuel : c’est une exigence de dignité, de liberté, d’égalité, qui traverse toutes les provinces du pays. C’est aussi un signal fort : les révolutions à venir seront féministes ou ne seront pas.

Hongrie, Slovaquie, États-Unis : l’insubordination globale

En Hongrie, les manifestations anti-Orban se multiplient depuis le 15 mars. Des milliers de personnes bravent la répression pour défendre les libertés, le droit de manifester, et s’opposer aux lois anti-LGBTQ+. En Slovaquie, chaque vendredi depuis trois mois, les habitants de Banska Bystrica exigent la démission du gouvernement Fico. Aux États-Unis, ce sont 277 manifestations contre Tesla et la politique liberticide de Trump qui ont éclaté le 29 mars. L’internationale de la colère est bien là.

Une époque de basculement

Ce qui se joue dans ces soulèvements, c’est bien plus que des protestations sectorielles. C’est le refus global d’un monde autoritaire, militarisé, patriarcal et écocidaire. Partout, la jeunesse se lève. Partout, les femmes prennent la tête. Partout, les assemblées de base redessinent les contours d’une autre manière de faire société. Et surtout, partout, les gens comprennent que manifester ne suffit plus. Sabotages, grèves, occupations, blocages économiques : ce sont les outils d’un pouvoir populaire en construction.

Le feu couve. La contagion est possible. Et si on arrêtait d’attendre ?

Par Le Père Peinard

Révoltes en chaîne : Les peuples du monde debout contre l’autoritarisme
Le titre en Tête

 

                                     
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La racine de nos maux,

des mots pour arracher la racine.

« Le discours de la servitude volontaire » de

Etienne de La Boétie.

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